13 – Comprendre les qualités thermiques du pisé

Le pisé n’est pas un bon isolant mais il a des caractéristiques très intéressantes pour le confort thermique de l’habitat.

Sa densité et sa capacité à absorber ou rendre de l’humidité contribuent directement à la régulation de deux facteurs
essentiels dans ce confort : l’hygrométrie et la température.

Ajoutée à de grandes quantités de fibre (paille, chanvre, etc.), la terre à pisé peut se transformer en bon isolant pour le doublage de murs.

Maison bioclimatique en pisé.
Les murs massifs en pisé, complétés sur les murs extérieurs d’un mortier isolant chaux-chanvre participent au confort de l’habitation.
Espace de serre dans une maison à Trézioux.
Murs masse en pisé
J. Jeannet & P. Scarato, architectes.
Maison bioclimatique à ossature en bois.
Mur masse en pisé adossé au poêle à bois.
Schéma illustrant les principales pertes d'énergie d'une maison non isolée

Les principales pertes d’énergie d’une maison non isolée

Selon les méthodes actuelles de calcul thermiques, les caractéristiques des murs en pisé ne répondent pas aux exigences d’isolation. Mais avant d’isoler les murs en pisé et de se priver du confort hygrothermique qu’ils apportent, il faudra s’assurer que les autres sources de déperditions thermiques sont traitées.

Avantages du pisé pour le confort thermique

L’hiver

  • Matériau à forte inertie, capable de stocker de la chaleur et de la restituer par rayonnement. L’inertie permet des variations très lentes de température.
  • La terre maintient l’humidité de l’air à un taux faible, ce qui permet d’abaisser la température de confort, et donc d’économiser de l’énergie. Cette capacité évite également les problèmes de condensation. Cela ne fonctionne que si les murs restent apparents, ou qu’ils sont doublés avec des matériaux perspirants.

L’été

  • Matériau déphasant qui ralentit le transfert de chaleur et permet un réel confort d’été. Un mur de 40 cm procure un déphasage de 10 à 12 heures, ce qui signifie que la fraîcheur nocturne est restituée le jour.
  • L’humidité accumulée dans les premiers centimètres des murs en pisé avec la fraîcheur de la nuit s’évapore durant la journée en créant un refroidissement du mur en surface et une climatisation naturelle de la pièce.

Le confort thermique d’une habitation dépend principalement de :

  • la température de l’air ambiant,
  • la température des murs et du sol,
  • le taux d’humidité de l’air,
  • la vitesse de déplacement de l’air,
  • l’activité des habitants.

Améliorer le confort thermique d’un bâtiment en pisé

De nombreuses interventions peuvent optimiser le confort thermique d’une maison en pisé (recommandations principalement pour le confort d’hiver) :

  • réduire les déperditions de chaleur en isolant en priorité la toiture, les menuiseries, le sol, et enfin les murs en particulier les façades non ensoleillées.
  • augmenter la surface de captage au sud : agrandissement ou création d’ouvertures, construction d’une serre (améliore les captations diurnes et réduit les déperditions nocturnes).
  • installer une source de chaleur (poêle, mur chauffant…) contre un mur de refend qui emmagasinera les calories.

Isoler un mur en pisé

Pour isoler un mur en pisé de nombreuses solutions existent, l’isolation pourra être soit : collée directement au mur, par exemple sous la forme d’un enduit épais fibré, constituée d’une structure rapportée, maçonnerie de blocs isolants ou structure bois portant l’isolant (en vrac, en laine ou en panneau), ou intégrée dans un mur double en pisé.

Dans tous les cas, les isolants doivent être plaqués contre le mur en pisé, et offrir les mêmes qualités perspirantes que le mur pour ne pas perturber les échanges d’humidité et éviter les phénomènes de points de rosée.

Matériaux compatibles

Terre ou chaux mélangées avec des fibres naturelles : paille, copeaux de bois, chenevotte de chanvre… sous la forme
d’enduits, de blocs ou dans une ossature rapportée.

Panneaux de fibres d’origine végétale : roseaux, chanvre, fibre de bois, liège, etc.

Matériaux projeté ou insufflé : ouates de cellulose, etc.

Pour éviter les problèmes de condensation, l’isolant doit être en contact direct et continu avec le mur et avoir un fort pouvoir de capillarité et de perspiration.

Quelques principes d’isolation sur un mur en pisé en extérieur ou intérieur

(de la correction thermique à l’isolation performante)