Fiche n°71
La loutre d’Eurasie
Lutra lutra
Biologie
La loutre d’Eurasie, carnivore de la famille des mustélidés, est remarquablement adaptée au milieu aquatique. Sa fourrure brune très dense, ses pattes palmées et sa morphologie fuselée font d’elle une excellente nageuse. Essentiellement nocturne, elle se nourrit de toutes les espèces fréquentant les milieux aquatiques, adaptant son régime alimentaire aux saisons et aux proies disponibles. Les poissons, les amphibiens, les crustacés (écrevisses), les reptiles, mais aussi les mammifères ou oiseaux semi-aquatiques figurent ainsi à son menu, sa ration quotidienne atteignant environ 800 g de nourriture, ce qui est peu pour un animal d’environ 1,1m de longueur en moyenne (queue de 35 à 40 cm comprise), et pesant environ 8 kg. Le domaine vital de ce super prédateur exigeant sur la qualité de l’habitat est extrêmement étendu, puisqu’il peut atteindre près de 30 km de linéaire en rivière, et plus de 2000 hectares de superficie de zones humides !
Cette particularité explique le fait que l’espèce ne peut pas atteindre de densités élevées, sur un territoire qu’elle balise très régulièrement à l’aide de ses déjections, nommées épreintes. La loutre est une espèce individualiste, le mâle et la femelle ne restent ensemble que les quelques jours que durent les accouplements, c’est ensuite la femelle qui se charge entièrement de l’élevage des loutrons, depuis le choix du terrier de mise bas, la catiche, jusqu’à leur émancipation vers l’âge de 8 mois, en passant par l’apprentissage de la pêche et de la nage. L’espérance de vie en nature est de 5 à 7 ans. Disparue du territoire du Parc Livradois-Forez dans la seconde moitié du XXe siècle, il a fallu attendre les années 2000, près de 30 ans après sa protection légale en 1972, pour la voir recoloniser naturellement la Dore et ses affluents, ou encore la Senouire, l’Ance, la Borne ou l’Arzon. Le territoire du Parc permet désormais à l’espèce d’essaimer vers le fleuve Loire, à la fois au sud, à l’est et vers le nord.
Charles Lemarchand