Fiche n°41
Nos mares
Si le terme de « mare » est immédiatement évocateur de petite pièce d’eau, en donner une définition s’avère par contre périlleux, tant le mot recouvre des situations différentes. Quelques éléments importants doivent être présents comme la possibilité pour la lumière de pénétrer jusqu’au fond de la pièce d’eau concernée, ce qui implique une profondeur inférieure à 2m. Mais quelles que soient les définitions adoptées, aucune ne peut recouvrir l’ensemble des situations rencontrées, pas plus que leur diversité floristique et plus encore faunistique.
Autrefois
La majorité des mares est d’origine anthropique, c’est-à-dire créée, volontairement ou non, de la main de l’homme. Les usages en étaient aussi multiples qu’indispensables : l’élevage, bien sûr, pour l’abreuvement du bétail, mais aussi pour des usages domestiques (lessives et lavages divers).
Ainsi, presque toutes les fermes, leurs pâtures et leurs champs, les forêts, les hameaux et villages possédaient une ou plusieurs mares ou réserves d’eau ; la flore et la faune aquatiques des eaux stagnantes vivaient leur apogée. Puis vinrent les canalisations et l’eau courante, l’intensification de l’agriculture, les nitrates, les biocides… Beaucoup de mares furent alors détruites ou simplement oubliées, retournant à un atterrissement naturel, faute d’entretien.
Aujourd’hui
Malgré une prise de conscience fonctionnelle et patrimoniale des mares et autres points d’eau -en le justifiant pour des motifs d’ordre culturel, historique ou écologique – toute commune peut désormais protéger ses mares. L’une des causes de destruction volontaire des mares et zones humides est la volonté prophylactique de lutte contre la grande douve du foie, parasite du bétail entraînant des pertes économiques substantielles. Il existe toutefois d’autres moyens de prévenir cette infestation (la fasciolose). Outre des contrôles réguliers sur le cheptel à l’aide d’examens coprologiques ou sérologiques, des mesures préventives peuvent être prises.
En effet, le cycle vital complexe de la grande douve passe par un hôte intermédiaire, un escargot aquatique, la Limnée tronquée ou Petite Limnée (Galba truncatula) dont les « larves cercaires et métacercaires», se retrouvent sur les herbes des zones humides ou autour des mares, où elle peuvent être ingérées par les animaux en pâture qui sont alors infestés. La Limnée se tenant fréquemment près de la surface de l’eau peut être reperée et enlevée à l’aide d’un troubleau.
Dans le cas où cette espèce est détectée (attention à ne pas la confondre avec la Limnée des étangs (Lymnaea stagnalis), inoffensive) la mare peut être clôturée loin des rives et des « mouillères » pour ne pas tenter le cheptel, tout en conservant les avantages qu’elle procure (gratuité de l’eau), par l’installation d’une ou plusieurs pompes alimentant des abreuvoirs fixés à distance du point d’eau. De nombreux éleveurs, confrontés ou non au problème de la grande douve, utilisent ces systèmes sans problème sanitaire et préservent ainsi les mares du piétinement des troupeaux, des souillures et des chutes éventuelles.
Petite faune des mares
La richesse de la flore et surtout de la faune plus ou moins dépendante des mares et des zones humides est extrême. Pour ne citer que certaines espèces on peut évoquer les amphibiens (grenouilles, crapauds, tritons et salamandre) ainsi que les libellules. Dans ces deux groupes, le Parc Livradois-Forez possède des espèces de haute valeur patrimoniale, tels les rares Rainettes vertes (Hyla arborea) et le Triton crêté (Triturus cristatus) des mares de basse altitude ou, chez les libellules, le Somatochlore arctique (Somatochlora arctica) et la Leuccorhine douteuse (Leucorrhinia dubia) de quelques mares aux eaux acides de haute altitude.